mardi 27 mars 2012

14-MARS 2005-2012 : 14 erreurs, 14 conseils ! (Art.58)


PROLOGUE

Le 14 Mars avant d'être une entité politique est une date. Elle fait référence à cette journée historique de l'année 2005 qui a connu la plus importante manifestation de l'histoire du Liban. Ce jour-là plus d'un million de personnes sont descendues braver l'armée du dernier tyran de Damas place des Martyrs et réclamer 2 choses : le retrait des forces syriennes et que justice soit faite concernant l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Elle est venue répondre à une autre manifestation historique, par son importance, son insolence et son indécence, organisée par le Hezbollah le 8 mars 2005, à peine 3 semaines après cet ignoble assassinat politique, pour dire "Merci la Syrie", la Syrie de la tyrannie des Assad bien entendu.

Grâce à un large soutien populaire le 14 Mars (14M) a mis fin à 29 ans d'occupation syrienne du Liban (1976-2005); il a mis un terme à l'insupportable impunité qui régnait malgré l'assassinat de hauts représentants de l'Etat libanais dont 2 anciens présidents de la République en imposant le Tribunal Spécial pour le Liban (2005); il a réussi à contenir l'agression hystérique israélienne lors de la guerre de Juillet (2006); il a étendu la souveraineté de l'Etat en envoyant l'armée libanaise au Sud du pays (2006); il a combattu le terrorisme de Fateh El-Islam exporté par le régime syrien à Nahr El-Bared (2007)… Coitus interruptus! Désolé de gâcher le plaisir de cette longue énumération élogieuse. J'aurais pu continuer en la rallongeant, en allant dans les détails, en oubliant sciemment les ratés, les manquements et les erreurs. Mais puisqu'on n'avance en politique qu'avec la critique et non la flatterie, j'ai décidé à l'occasion du 7e anniversaire du 14M de me concentrer sur les 14 principales erreurs commises par le 14M depuis sa naissance. Il ne sert à rien de marquer des points avec nos adversaires politiques du 8 Mars (8M) pour en perdre d'autres bêtement par la suite ! Notre camp doit tirer les leçons de son expérience au pouvoir et dans l'opposition, pour espérer revenir aux commandes, éviter de se faire éjecter de nouveau et remettre sur pied l'Etat libanais.


14 mars 2005 – 7 juin 2009

ERREUR n°1 : Concocter l'alliance quadripartite avant les élections législatives de 2005.
Ce fut le pécher originel de ce mouvement. Un "complot" concocté entre Walid Joumblatt, Hassan Nasrallah, Nabih Berri et Saad Hariri. Alors que toutes les composantes de la communauté chrétienne, Forces libanaises (FL), Courant Patriotique Libre (CPL), Kataeb, Ahrar, Ketlé et indépendants, étaient déterminantes pour faire d'une banale journée de calendrier un événement historique, les 4 leaders non-chrétiens ont décidé lors d'un marchandage électoral de mettre à l'écart les 2 grands leaders chrétiens, Samir Geagea et Michel Aoun. On n'a rien fait pour sortir le premier de son emprisonnement politique avant les élections législatives et on a tout fait pour ignorer le retour du second après l'arrangement avec les autorités syro-libanaises. Pire, cette alliance n'a pas souhaité toucher à l'ancienne loi électorale qui était pourtant défavorable à la communauté chrétienne. D'ailleurs, le patriarche Sfeir était farouchement opposé à cette loi inique (mais à l'époque personne ne l'a écouté!), car elle ne permettait d'élire que 14 des 64 députés chrétiens par des voix chrétiennes, l'élection des autres députés dépendaient du bon vouloir des autres communautés, sunnite, chiite et druze, qui votent "en bloc" respectivement pour le Courant du Futur, le Hezbollah & Amal et le Parti socialiste progressiste. La suite tout le monde la connaît, retrait du CPL du 14M (même s'il l'a fait pour d'autres raisons aussi) et son alliance avec le Hezbollah quelques mois plus tard, et un raz-de-marée aouniste aux législatives.

CONSEIL n°1 : Eviter d'exclure la communauté chrétienne dans toutes ses composantes de l'échiquier politique. Le 14M doit parvenir à faire passer une loi électorale juste, qui ne soit défavorable à aucune des communautés libanaises, chrétienne incluse ! Tout projet de loi électorale doit corriger la tare de la démocratie libanaise caractérisée par le défaut chronique de la mauvaise représentation chrétienne au Parlement.

ERREUR n°2 : Accepter l'élection de Nabih Berri à la tête du Parlement, Acte I.
Malgré la victoire du 14M aux élections législatives de 2005, ce camp a accepté de remettre à la tête du Parlement libanais, après le retrait des forces d'occupation syriennes, l'incarnation du néo-féodalisme, un ancien chef de milice, un pro-syrien notoire, un allié indéfectible du Hezbollah et des tyrans de Damas, celui qui considère le Parlement comme "beit baïyo", en place depuis 1992 (wlak maa2oul!), Estaz Nabih Berri! Le 14M a été lamentable sur ce point.

CONSEIL n°2 : La désignation du numéro 2 de l'Etat libanais doit suivre purement et simplement le jeu démocratique : une élection parlementaire au lieu d'un arrangement à la libanaise !

ERREUR n°3 : Laisser passer la guerre de Juillet 2006 sans commission d'enquête.
Pendant que les leaders libanais discutaient d'une stratégie de défense pour le Liban, le Hezbollah décida sans consulter qui que ce soit de l'Etat et du peuple libanais, de mener une opération militaire contre l'armée israélienne en franchissant la frontière internationale. Israël riposta avec une violence inouïe. S'en suivit un conflit entre le Hezbollah et Tsahal qui dura 33 jours. La ridicule "victoire divine", termes utilisés par le Hezbollah, n'était en réalité qu'un désastre sur tous les plans : humain (plus d'un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de personnes terrorisées), écologique (importante marée noire sur les côtes libanaises, plusieurs millions de bombes à sous-munitions larguées dans le pays, recours aux bombes à l'uranium appauvri) et économique (pertes estimées à 6 milliards de dollars).
Alors que la milice chiite était dans un sacré pétrin, étant donné l'ampleur des destructions et qu'elle est à l'origine du déclenchement de la brutalité israélienne, le 14M n'a pas su imposer une commission d'enquête sur cette désastreuse guerre de l'été 2006. Pire, il a accepté de participer dans toutes ses composantes, Courant du Futur, Forces libanaises, Kataeb et Parti socialiste, à l'accueil triomphal de Samir Kantar le 16 juillet 2008! Le gouvernement Siniora décréta même que cette journée de "libération" sera fériée. Je me souviens aussi de ce commentaire nase dans un journal pro14M sur le soi-disant moment de grande émotion quand Georges Adwan (FL) enlaça Samir Kantar. Pour rappel, la guerre de Juillet avait comme "raison d'être" selon la milice du Hezbollah, la libération de 3 prisonniers libanais dont le fameux Samir Kantar. En participant à l'accueil triomphal de ce prisonnier, même si c'est à côté de Michel Sleimane, Fouad Siniora et Nabih Berri, le 14M reconnaissait de facto la légitimité de l'opération menée par le Hezbollah le 12 juillet 2006 et qui fut à l'origine de la guerre! Pour rappel aussi, Samir Kantar est un citoyen libanais de confession druze, qui a mené une opération en Israël en 1979 à l'initiative palestinienne, et qui a été condamné à 542 ans de prison, pour avoir tué plusieurs personnes dont une fillette israélienne de 4 ans avec la crosse de son fusil. Version israélienne certes (enfin version du procès quand même), qui a circulé toutefois dans tous les médias occidentaux le jour où le 14M accueillait en liesse Samir Kantar. Que cherchait le 14M en accueillant Kantar? Allez savoir, la naïveté n'a pas de limite parfois!
Du côté israélien, la guerre de Juillet a conduit, comme dans tout pays soucieux de sa sécurité, à une enquête d'Etat et un rapport, Vinograde, pour établir les responsabilités et les lacunes du Premier ministre, du ministre de la Défense, du chef d'état-major, etc. Chez nous, l'équivalent de Vinograde s'est résumé à un laconique constat de Hassan Nasrallah d'avoir sous-estimé la riposte israélienne, comme si on n'avait jamais eu affaire à la brutalité de Tsahal auparavant!

CONSEIL n°3 : Il revient au 14M de faire voter une loi qui impose un rapport officiel après toute guerre comme dans tout pays soucieux de la vie de ses citoyens et de ses soldats, où seront auditionnés tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à cette guerre, où seront établis les responsabilités, les manquements, les lacunes, les défaillances et où seront proposées les recommandations pour y remédier la prochaine fois.

ERREUR n°4 : Accepter le campement du 8M dans Beyrouth.
S'il l'on fait un parallélisme entre la protestation des anti-syriens place des Martyrs et celle des pro-syriens place Riyad El-Solh, entre 2005 et 2008, on peut relever 3 différences majeures : la première protestation fut de court durée (quelques semaines), à effervescence limitée (les lundis) et sans campement envahissant. Alors comment diable le gouvernement Siniora a pu accepter de laisser s'installer des centaines de tentes, en permanence, en plein centre-ville de Beyrouth, pour près d'un an et demi (déc. 2006-mai 2008), à deux pas des centres du pouvoir libanais (Conseil des ministres, Parlement et ministères)? C'était une source de menace et de pression qu'aucun pouvoir au monde ne pouvait tolérer. D'ailleurs ces campements furent utilisés lors de l'invasion de Beyrouth par la milice du Hezbollah le 7 mai 2008 pour faire plier le gouvernement. Par comparaison, des jeunes étudiants pacifiques et désarmés du 14M furent interdits avec brutalité il y a quelques semaines de faire entendre leur voix à Najib Mikati devant le Sérail concernant le nouveau manuel d'histoire. 5 ans auparavant, le 14M avait laissé le Hezbollah installer des enceintes géantes qui crachaient des discours virulents carrément sous les fenêtres de Fouad Siniora! Une leçon en soi.

CONSEIL n°4 : On ne laisse pas s'installer des centaines de tentes hostiles dans une capitale à deux pas des centres du pouvoir.

ERREUR n°5 : Offrir une sortie de secours au Hezbollah après l'invasion du 7 mai 2008.
Ce fut l'ERREUR de la période 2005-2009. Alors que la milice chiite et ses acolytes (Amal, Baas, Awmiyé) étaient empêtrées dans zawarib Beyrouth et dans le Mont-Liban, malgré aucune restriction de leur liberté de mouvement par les autorités légales (le gouvernement dominé par le 14M n'a pas donné d'ordre à l'armée libanaise pour empêcher les miliciens du 8M de se déployer alors que nous étions en plein coup d'Etat et au bord d'une guerre civile!), que des centaines de paisibles citoyens furent tués et blessés, et des centaines de milliers terrorisés, que les locaux de la Futur TV furent incendiés, le 14M accepta d'offrir au Hezbollah une sortie très honorable, un arrangement à la libanaise, l'Accord de Doha, au lieu de profiter de la situation défavorable aux milices du 8M pour exiger illico presto leur désarmement comme le prévoient l'Accord de Taëf et les résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité des Nations-Unies et de rester ferme sur ses positions. Et comme signe de reconnaissance de cette mollesse du 14M, Hassan Nasrallah déclara sans surprise un an après que le 7 mai 2008 fut un "jour glorieux"!

CONSEIL n°5 : Le 14M doit s'engager à faire voter une loi qui impose aux autorités légales en cas de conflit milicien sur le territoire libanais, d'une part, d'instaurer l'état d'urgence en déployant les forces armées libanaises afin de mettre tout en œuvre pour protéger efficacement les paisibles citoyens et, d'autre part, d'interdire purement et simplement le port d'armes au Liban en dehors des autorités légales.

ERREUR n°6 : Rater l'élection présidentielle de 2007 et les élections législatives de 2009.
Concernant l'élection présidentielle de 2007, le 14M n'a pas été en mesure ni de démettre de ses fonctions l'un des symboles de la vassalité à la Syrie, Emile Lahoud, comme il l'avait martelé pendant des mois, ni d'imposer une personnalité forte ou intelligente comme Dory Chamoun ou Carlos Eddé, à la présidence de la République, ni de soutenir jusqu'au bout leurs candidats officiels Nassib Lahoud et Boutros Harb. Il a fini par accepter l'arrivée du général Michel Sleimane à la tête de l'Etat alors qu'il était farouchement opposé à "l'option militaire" quelques mois auparavant.
Et voilà comment le 14M a encore une fois cédé sachant que les paisibles familles de Beyrouth et de la Montagne pleuraient encore leurs morts tombés sous les balles miliciennes, que le camp souverainiste était durement frappé par des deuils successifs, que le peuple libanais ne s'était pas encore remis du désastre de la guerre de Juillet 2006 et que le 8M a réussi à imposer le fléau Nabih Berri à la tête du Parlement en 2005, le tout sans aucune contrepartie consistante pour le 14M! Incompréhensible.
En parallèle, il est intéressant de noter que le Hezbollah n'a jamais "sacrifié" un de ses membres ou de ses fidèles soutiens, jamais au grand jamais de son histoire. Par exemple, il a refusé la révocation du chef de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth Wafic Choukeir (proche du Hezbollah) par le gouvernement libanais, allant jusqu'à déployer ses troupes miliciennes à Beyrouth pour faire plier le gouvernement, la comparution du tueur du lieutenant Samer Hanna devant le tribunal militaire à 2 reprises (membre du Hezbollah) et la remise au Tribunal Spécial pour le Liban de Badreddine et ses comparses (tous membres du Hezbollah).
Concernant les élections législatives de 2009, 2 ratés majeurs. Alors que le 14M contrôlait les pouvoirs exécutifs et législatifs, et malgré des négociations ouvertes à Doha (et l'ouverture du Parlement), il n'a pas réussi à imposer le droit de vote des libanais à l'étranger et la simplification de l'acquisition de la nationalité libanaise par les personnes d'origine libanaise. Deux mesures que les libanais attendent depuis l'Indépendance (1946) notamment la communauté chrétienne! L'autre raté majeur concerne la bataille du Kesrouane. Tout le monde savait qu'elle sera la mère de toutes les batailles, du fait que cette région bénéficie de 5 places au Parlement, 5 députés chrétiens maronites (en l'emportant on aurait pu se passer des caprices de la girouette Joumblatt!), que cette bataille a été remportée à 2 reprises par le CPL et que Michel Aoun se présente en personne (tout un symbole de le battre dans son "fief"). Malgré l'enjeu électoral, les chrétiens du 14M n'avaient prévu aucune stratégie pour cette région : liste constituée très tardivement et bancale de surcroît, une bataille menée sans préparation, sans enthousiasme, sans concertation, dans un climat de suspicion généralisée entre tous les protagonistes le jour du vote. Bilan des courses, ce fut un fiasco total.

CONSEIL n°6 : Le 14M doit appuyer ses membres et ses soutiens dans toutes circonstances et jusqu'au bout. Il faut qu'il se démène pour rendre le droit de vote des libanais résidant à l'étranger effectif et faire voter une loi qui facilite l'acquisition de la nationalité libanaise par les personnes d'origine libanaise. Préparer la bataille du Kesrouane "sérieusement" et non de façon "folklorique"!


7 juin 2009 – 12 janvier 2011

ERREUR n°7 : Reconduire Nabih Berri à la tête du Parlement, Acte II.
Le 14M a accepté de reconduire Nabih Berri au perchoir, alors qu'il lui a fait connaître la plus mauvaise législature de l'histoire parlementaire mondiale! Oublions un instant son CV peu reluisant et le fait que l'Estaz risque la fossilisation parlementaire (il y est depuis 1992), durant son 1er mandat après le retrait des troupes syriennes, 2005-2009, Nabih Berri a été impliqué dans l'invasion de Beyrouth (des groupes armés d'Amal y ont participé), la paralysie économique du centre-ville de Beyrouth (à cause du campement de ses militants) et la fermeture du Parlement pour la moitié de la législature. La conduite du 14M est inqualifiable!

CONSEIL n°7 : Il faut en finir une fois pour toutes avec Nabih Berri.

ERREUR n°8 : Céder aux pressions du Hezbollah dans la formation du gouvernement Hariri.
Cette période commença par 4 signes de très mauvais augures. Ce fut d'abord, l'acceptation de ne pas reconduire l'expérimenté Fouad Siniora, la bête noire du 8M, comme Premier ministre et la formation d'un gouvernement d'union nationale, alors que le 14M venait d'obtenir la majorité aux élections législatives de juin 2009. Double hérésie démocratique à couper le souffle. Ce fut ensuite, l'offre de charité 14 marsienne du "tiers de blocage" au 8M (un tiers des ministres), qui a transformé l'entité exécutive en un gouvernement de désunion nationale. Il ne fallait pas être diplômé de Sciences Po pour imaginer la fin de ce mariage contre nature entre le 14M et le 8M. Enfin, le pire fut l'acceptation par le 14M, malgré le fait que le "7 mai" était dans toutes les mémoires, de confirmer de nouveau dans la déclaration du gouvernement Hariri, la bêtise du gouvernement Siniora après l'invasion de Beyrouth et l'Accord de Doha (mai 2008), cette chimère de la mythologie libanaise contemporaine, la trinité armée-peuple-résistance (Hezbollah), alors que le 14M a fait campagne pendant des mois sur le danger des armements du Hezbollah. Allez comprendre quelque chose! Ce fut l'ERREUR de la période 2009-2011. Les visites de Saad Hariri de la Syrie et de l'Iran, avec le feu vert de Samir Geagea et d'Amine Gemayel, sont venues couronner la "naïveté" qui a caractérisé cette période.

CONSEIL n°8 : Pas de gouvernement d'union nationale et pas de tiers de blocage dans une démocratie digne de ce nom. Aucun texte gouvernemental, administratif, législatif ou municipal, ne doit donner une "couverture légale" à la milice du Hezbollah. Le 14M doit s'engager franchement devant son électorat à ne plus inclure la chimère armée-peuple-résistance dans les déclarations gouvernementales… et tenir parole ! Il faudrait aussi affirmer dans la prochaine déclaration gouvernementale et par la loi, que la stratégie de défense du Liban c'est le Parlement et le gouvernement souverains du pays qui la définissent et nul ne peut se substituer à nos forces armées. Pas besoin d'interminables discussions byzantines pour cela. Basta cosi du ramassis d'arguties développées autour d'une évidence ! La loi doit trancher.

ERREUR n°9 : Offrir une sortie de secours au Hezbollah concernant le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL).
Alors que le Hezbollah est empêtré dans la toile judiciaire internationale du TSL après l'assassinat de Rafic Hariri, et les assassinats ou les tentatives d'assassinat de plusieurs personnalités du 14M, et que tout le monde se doutait que l'acte d'accusation désignerait le Hezbollah, le 14M, notamment Saad Hariri, accepta de rentrer dans le jeu du S-S (Syrie-Arabie saoudite), pour une soi-disant "moussara7a-moussala7a" avec le Hezbollah. Mais quelle foutaise! Personne n'a compris sur quoi ils allaient "s'expliquer et se réconcilier" alors que l'acte d'accusation n'était même pas encore publié (n'en parlons pas du jugement)? Autre version du ridicule feuilleton de l'histoire des faux-témoins soulevée par le 8M. Le 14M avait tort sur toute la ligne : il confirmait l'ingérence des pays étrangers dans les affaires libanaises pour la énième fois (notamment du régime syrien de Bachar El-Assad et de l'Arabie saoudite) et il offrait encore une fois une sortie de secours au Hezbollah.

Conseil n°9 : Le TSL ne peut faire l'objet d'aucun arrangement à la libanaise. Il faut laisser la justice internationale aller à son terme par respect à Rafic Hariri, à tous les martyrs et au peuple du 14M. Les accusés doivent être jugés par le TSL et défendus, relaxés ou condamnés, et purger leurs peines éventuellement.


12 janvier 2011 – 14 mars 2012

ERREUR n°10 : Accepter la démission du tiers du gouvernement Hariri.
La démission des ministres 8M qui entraina la chute du gouvernement Hariri était une violation flagrante de la démocratie. Dans tous les pays du monde, la logique démocratique impose dans un cas semblable, la chute d'un gouvernement, d'aller vers des élections législatives anticipées. Personne du 14M ne l'a réclamé! Pire, le 14M n'a même pas demandé au président de la République d'ajourner le 2e rendez-vous des consultations parlementaires, tout s'est joué en une douzaine de jours, croyant naïvement que Walid Joumblatt n'oserait pas rompre avec Saad Hariri en désignant Najib Mikati comme nouveau Premier ministre. C'était aller à l'abattoir en tendant le coup! Par comparaison, Nabih Berri a ajourné l'élection présidentielle de 2007, 17 fois sur plus de 8 mois, jusqu'à ce que le vent n'ait plus été défavorable aux deux formations chiites (Amal & Hezbollah)!

CONSEIL n°10 : Le 14M doit faire voter une loi qui impose en cas de chute d'un gouvernement, le retour vers le peuple en organisant des élections législatives anticipées, ce qui devrait limiter les caprices des girouettes joumblattiennes.

ERREUR n°11 : Mettre tout sur le dos de Mikati alors que tout est la faute de Joumblatt.
Le coup d'Etat du 12 janvier 2011 a fait couler beaucoup d'encre mais l'essentiel n'a jamais été abordé. Mikati et ses 2 séditieux (2 autres députés du 14M) n'auraient jamais accepté de passer dans le camp du 8M s'ils n'étaient pas sûrs et certains à l'avance que le coup d'Etat du Hezbollah réussirait grâce à Joumblatt et ses députés qui allaient retirer leur confiance à Saad Hariri lors des consultations parlementaires qui ont suivi la chute du gouvernement. Il faut savoir aussi que la ridicule mise en scène avec cette mascarade de la nuit des chemises noires quelques jours avant les consultations parlementaires (apparition des miliciens du Hezbollah sur des carrefours de Beyrouth), n'avait pour unique but que de "justifier" le volte-face du Bek et de faire passer la pilule auprès des dirigeants et de la population du 14M en faisant croire que le chef druze a changé de camp sous pression et non par conviction! Cette réalité le 14M a feint de ne pas la voir.
Joumblatt a abandonné Hariri et a désigné sans scrupule Mikati pour diverses raisons : d'abord personnelle, il n'a jamais supporté le rapprochement des sunnites et des chrétiens en général, de Saad Hariri et de Samir Geagea en particulier, ce dernier étant son cauchemar de toujours, un élément tenace de cette "mauvaise race" (termes utilisés par Joumblatt pour désigner les chrétiens, notamment les maronites, la veille des élections 2009); ensuite communautaire, il espérait obtenir du camp du 8M plus qu'il n'a obtenu du 14M en 3 ans de réelle alliance et enfin opportuniste, il savait que par ce positionnement il gagne le camp du 8M sans perdre le camp du 14M. Et on peut dire que pour une fois ce piètre stratège politique a vu très juste. Personne du camp du 14M, dirigeants, députés, personnalités ou journalistes, n'osa dire ses quatre vérités à Walid Joumblatt, surtout pas les druzes du 14M! Le jour de colère de Tripoli aurait dû avoir lieu à Moukhtara mais la "spécificité druze" en a décidé autrement.
Joumblatt a tout prévu sauf une chose : le déclenchement de la révolution syrienne le 15 mars 2011. Alors qu'il s'est rendu à 3 reprises chez le dernier tyran de Damas (pas Michel Aoun) et qu'il est resté en très bons termes avec le régime de Bachar pendant 11 mois (comme Michel Aoun), car il avait peur pour la minorité druze en Syrie (comme Béchara Raï pour la minorité chrétienne) et il croyait sans doute que ce dernier finirait par écraser la révolution syrienne (comme Michel Aoun; pour cette raison il ne voulait pas engager les druzes dans une confrontation avec le régime de Bachar… comme Béchara Raï), encore une fois personne du 14M n'a eu le courage de lui dire un quart de ce qu'on a dit à Michel Aoun ou à Béchara Raï. On a même salué ses tentatives répétées, qui ne sont que des fabulations de salon, pour convaincre Assad de répondre favorablement à son peuple. C'est c'la oui, on était à 7500 morts quand le Bek a soi-disant fini par "trancher" et est allé tenir un bout de papier place Samir Kassir sur lequel il était inscrit "Homs"!
A ce propos, continuer à épargner Joumblatt, alors qu'on se défoule sans retenu sur Aoun et Raï, sachant que ces 3 personnages pensent, disent et font la même chose à peu de nuances près (notamment sur la Syrie, Taëf, TSL, Hezbollah), aura comme conséquence le renforcement de la popularité de Michel Aoun dans la communauté chrétienne! Le principe du 2 poids 2 mesures ne marche pas dans la tête de l'électeur chrétien "indécis", notamment maronite, réflexe communautaire oblige.

CONSEIL n°11 : Se méfier de Walid Joumblatt d'autant plus qu'il est toujours dans le camp du 8M et pro-Hezbollah. On ne s'allie pas aux traîtres multirécidivistes car tout ce qui est bâti sur des sables mouvants s'écroulera. Le Bek doit être critiqué avec la même virulence que le général Aoun et le patriarche Raï quand il s'agit des mêmes positions politiques, par toutes les composantes communautaires du 14M (chrétiennes, sunnites, chiites et druzes), si l'on ne souhaite pas renforcer la popularité de Michel Aoun dans la communauté chrétienne !

ERREUR n°12 : Afficher le portrait du roi d'Arabie saoudite le 13 mars 2011.
Le 13 mars 2011, les sympathisants du 14M réunis place des Martyrs furent abasourdis en voyant s'afficher devant leurs yeux le poster du roi d'Arabie saoudite au moment où Saad Hariri commença son allocution. Pour mesurer la gravité de cette erreur de communication, il faut imaginer ce portrait géant de 5x15 m sur la façade du Virgin (on voulait s'assurer que personne ne le raterait), à côté du drapeau libanais et de la même taille SVP, lors de ce rassemblement national auquel étaient conviés des sympathisants chrétiens, sachant que la majorité de ces derniers pensent, à tort ou à raison, que l'Arabie saoudite "achète" le Liban, notamment les régions chrétiennes! Samy Gemayel quitta les lieux immédiatement! Nous étions nombreux à protester par la suite. Le secrétariat du 14M s'est contenté à l'époque d'une déclaration de 3 lignes, pour signaler qu'il s'agissait d'un incident fâcheux non prévu par les organisateurs. Faux, ce sont des responsables du Courant du Futur qui ont décidé d'imposer d'une façon totalitaire à tout le peuple du 14M le portrait du représentant d'un des régimes les plus archaïques au monde, l'Arabie saoudite, en plein Printemps arabe. On n'a pas jugé utile de communiquer la vérité sur le sujet, encore moins de sanctionner les responsables de cet acte irréfléchi!

CONSEIL n°12 : Eviter le culte de la personnalité, encore plus s'il s'agit d'une personnalité étrangère représentant un régime archaïque et antidémocratique comme le roi saoudien en plein Printemps arabe qu'on est censé soutenir. L'organisation d'un grand rassemblement auquel sont conviées diverses forces politiques se fait dans la concertation.

ERREUR n°13 : Attendre et souhaiter depuis l'éviction du pouvoir.
De l'aveu même des dirigeants du 14M, on ne savait pas quoi faire le 12 janvier 2011 après le coup d'Etat préparé conjointement par Bachar El-Assad, Hassan Nasrallah, Walid Joumblatt, Michel Aoun et Najib Mikati. Soyons indulgents et disons que c'était normal, bien que le divorce gouvernemental entre le 14M et le 8M était prévisible. Après quelques semaines "Knock-Out", on nous expliqua que la nouvelle stratégie pour l'avenir sera dévoilée le 13 mars 2011. Le jour venu, on nous affirma que la période grisâtre était finie, le 14M prépare un plan d'action.
Hasard du calendrier, la révolution syrienne s'est déclenchée 2 jours après les discours engagés de la place des Martyrs. Depuis, et ce n'est point un hasard, la période de "Knock-Out" a cédé la place à celle du "Black-Out". Saad Hariri s'est installé rapidement à Paris. Une absence qui n'est pas comprise par la communauté chrétienne pour qui le leader de l'opposition n'est pas plus menacé que Samir Geagea et Samy Gemayel. L'écrasante majorité des députés et des personnalités du 14M étaient très en deçà de ce que le peuple du 14M attendait d'eux dans une période aussi cruciale! Tenez, même la grande gueule Okab Sakr, on ne l'a plus revu pendant des mois. Nayla Tuéni elle, n'en parlons pas, elle est portée disparue depuis la nuit de son élection au Parlement libanais le 7 juin 2009! L'acte d'accusation des membres du Hezbollah par le TSL, tant attendu, fut publié dans l'indifférence générale ou presque (août 2011), par contre, on a mis le paquet concernant l'interview bidon du Time avec l'un des accusés quelques jours plus tard! Hélas, personne n'a pris la peine d'amplifier l'impact médiatique de l'acte d'accusation. N'en parlons pas d'une amplification concertée en chœur. Plusieurs personnalités du 14M sont venues nous expliquer, que la communauté chiite n'était pas visée, et que ce n'est pas un parti qui est accusé mais des individus. Soucieux de la paix civile, Saad Hariri l'a répété le 14 février dernier et Samir Geagea le 12 mars (avec une variante). Il n'empêche et il faut en être bien conscient que cette stratégie de communication du 14M au sujet du TSL finira par conduire le libanais lambda à se désintéresser de cette "mascarade" et à gober la théorie sur ces racailles qui s'ennuyaient dans une cage d'escalier de la Banlieue Sud en sirotant leur bière chaude et qui pour tuer leur ennui mortel ont décidé d'assassiner le puissant ex-Premier ministre du Liban avec une charge explosive de 1800 kg d'équivalent TNT qu'ils ont achetés en solde la veille à Souk El-A7ad! Encore une sortie de secours pour le Hezbollah, au moins sur le plan médiatique, bravo.
Suivant l'actualité assidûment avec tous les moyens de communication disponibles (télévision, presse, internet), je peux affirmer sans exagération que le plan d'action du 14M depuis un an se résume à l'attente et aux souhaits! A écouter les derniers discours des leaders et des personnalités du mouvement, le 14M ne s'en cache même plus. Attente de la chute d'Assad, sans rien faire pour y contribuer, même pas une grande manifestation de soutien à la population syrienne digne de ce nom, ni au Liban ni nulle part ailleurs dans le monde (pays arabes, Turquie, France, UK, USA...). C'était d'autant plus navrant que depuis le début de la révolution syrienne il y a un an une bonne analyse politique permettait d'avancer sans prendre trop de risques (je l'ai fait à plusieurs reprises), que cette chute n'était pas pour demain si l'on tenait compte de tous les paramètres aux niveaux local, régional et international, et que Bachar El-Assad pourrait troubler une fois de plus nos élections législatives du printemps 2013! En parallèle à cette attente, il y a des souhaits, beaucoup de souhaits, qui pourraient épuiser le stock de cierges de toutes les églises d'Antioche et de tout l'Orient! La dislocation du 8M en général et du gouvernement Mikati en particulier, l'affaiblissement du Hezbollah, l'éclatement du courant aouniste et des élections législatives anticipées, tout ça comme par enchantement, avec un retour au pouvoir les mains dans les poches en chantant "3a hadir el bosta" sans avoir à faire le moindre effort.

CONSEIL n°13 : Une politique qui se base uniquement sur une attente et sur des souhaits ne peut pas aller bien loin étant donné les incertitudes. On ne gagnera pas les élections 2013, notamment dans le camp chrétien, lequel décidera encore une fois qui du 14M ou du 8M fera la pluie et le beau temps place de l'Etoile, en se contentant de dénoncer les crimes de Bachar El-Assad comme le fait Saad Hariri, en comparant le bombardement d'Achrafieh à celui de Homs comme le fait Samir Geagea et en associant la Révolution du Cèdre avec le Printemps arabe et la Révolution syrien comme le fait Amine Gemayel. Les discours prononcés par le 14M entre le 14 février et le 14 mars concernaient essentiellement la Syrie. C'est peut être approprié, c'est sans doute noble mais ce n'est pas suffisant. Hélas, le mec de Hrajel, de Mtein, de Batroun, de Tannourine, de Jezzine, de Jbeil, de Maasser El-Chouf et même d'Achrafieh attend autres choses.
On a l'habitude au Liban aussi bien le 14M que le 8M, de préparer les élections 4 mois avant en se contentant, disons-le clairement, de jeter des millions de dollars sur des conneries. Achats de voix, achats de plumes, dîners électoraux (avec une variante intéressante pour les déjeuners!), campagnes médiatiques inadaptées, actions sans feedback, tézfit torouq, favoritisme en tout genre, mise à disposition des libanais de l'étranger de billets d'avion pour venir voter au Liban, déplacements bidon des personnalités à l'étranger, et j'en passe. Or on oublie l'essentiel, le programme ! Pour être sûr de remporter les élections 2013 il faut que le 14M propose à ce peuple, outre l'attente et les souhaits, un PROGRAMME AMBITIEUX pour relever un Etat libanais qui est aujourd'hui dans une situation lamentable (au niveau de la vie quotidienne, la santé publique, la sécurité sociale, le pouvoir d'achat, la sécurité des personnes, l'économique nationale, la dette publique, les droits de l'homme, l'écologie, le logement, l'urbanisme…), un programme CONCRET pour lui donner de l'espoir dans un avenir meilleur, un programme REALISTE pour gagner les élections législatives du printemps 2013.

ERREUR n°14 : Laisser le gouvernement Mikati travailler paisiblement.
En dépit de tout ce qu'on dit pour se remonter le moral, le 8M gère le Liban paisiblement par l'intermédiaire du gouvernement Mikati sous la direction du Hezbollah et de Michel Aoun. Ce gouvernement a de très fortes chances d'organiser les prochaines élections législatives en 2013, contrairement à ce que pense le 14M! En attendant, il laisse son empreint dans la législation (contrôle de l'Internet par exemple, très utile la veille des élections), il s'enracine durablement dans les administrations à travers les nominations (à toutes les échelles, ce qui permettra de contrôler le Liban pour plusieurs décennies), il assure des services à gogo (excellent investissement pour récupérer les électeurs), il tente d'obtenir 11 milliards de dollars de dépenses extrabudgétaires avec la bénédiction du 14M (qui oublie d'ailleurs qu'une telle enveloppe est précieuse la veille des élections), il essaye de contrôler la juteuse prospection pétrolière et avec le temps qu'il lui reste il va même jusqu'à réécrire le manuel d'histoire selon le prisme du Hezbollah (pour contrôler les jeunes générations). On critique, on dénonce, on condamne et ça s'arrête là.
Michel Aoun comme à son habitude, "3am biyét5ana2" avec tout le monde tout le temps. On s'en moque mais il n'empêche que ça plaît à une catégorie du peuple et c'est efficace. Il finit assez souvent par donner l'impression de gagner car tout ce beau monde du 14M et du 8M oublie que tout bras de fer sur un fond populiste avec le CPL tourne à l'avantage de Michel Aoun, le roi incontestable et de tout temps du populisme. Il remporte souvent les bras de fer qu'il engage depuis juin 2009, au moins sur le plan médiatique, à quelques détails près : il voulait un tiers du gouvernement Mikati, il l'a obtenu; il réclamait des ministères stratégiques, il les a eu; il réussit finalement à passer le projet de Bassil (électricité) comme la solution miracle dans l'opinion publique; il est parvenu à faire croire aux gens qu'il veut ramener l'électricité dans les foyers mais les "autres" lui mettent des bâtons dans les roues; il présenta le projet de Sehnaoui (internet et 3G) comme un grand progrès pour la population libanaise; il tente même de s'accaparer la noble date du "14 mars" et se paye le luxe de critiquer le locataire de Baabda, ce que personne du 14M n'ose faire! Et pour cause, le 14M espère que Michel Sleimane, le "président honoraire de la République libanaise", un président sans pouvoir et sans poids électoral, pourrait faire contrepoids à Michel Aoun, qui possède 1/3 du gouvernement et 1/5 des députés, dans les nominations de partisans aounistes à des postes clés de l'administration libanaise. Face à cette démagogie et à la débrouillardise de ce dernier, le 14M recourt à l'usage intensif d'adjectifs "fach khélé2", au lieu de s'appliquer à le discréditer méthodiquement et avec une grande rigueur.

CONSEIL n°14 : Le 14M a l'obligation d'être beaucoup plus offensif avec le gouvernement 8M s'il veut gagner les élections du printemps 2013. Il ne suffit pas de dire qu'il est nul, il faut le démontrer. Toute violation caractérisée doit conduire le 14M à déposer plainte auprès de l'instance concernée (services de contrôle; tribunal civil, militaire ou administratif; Conseil constitutionnel…). Il faut sortir de la stratégie stérile de la langue de bois et des slogans creux, des descriptions et des dénonciations, qui ne convertira personne, et envoyer des signaux très forts à ce peuple.
D'abord, lui faire savoir que le 14M a bien tiré les leçons des erreurs commises dans le passé et qu'il ne les répétera pas. Ensuite, lui montrer qu'est ce qui le distingue au fond du 8M, loin de la littérature et des talk-shows de remplissage médiatique. Enfin, s'engager clairement à rejeter légalement quand il retournera au pouvoir tout ce qui a été fait par le gouvernement Mikati qu'il jugera contraire aux intérêts du Liban (lois et nominations injustifiées, manuel d'histoire, chimère "armée-peuple-résistance", mythologie de la "résistance", etc).
Le projet du Hezbollah est exposé clairement dans le livre de Naim Qassem (La voie, l'expérience, l'avenir - 2009) et dans les discours de Hassan Nasrallah. Une lecture même en diagonale permet rapidement de comprendre que la politique d'ouverture et les invitations à la raison et à une prise de conscience, constamment réitérées par le 14M, notamment par Saad Hariri, Samir Geagea et les Gemayel, sont caducs avant même d'être prononcées ! Si le projet du Hezbollah menace la démocratique, la souveraineté, l'indépendance, la liberté, la paix, la sécurité, la prospérité, la cohabitation et l'unité du Liban, LE 14M SE DOIT ALORS D’EXPLIQUER A CE PEUPLE COMMENT IL COMPTE PROCEDER PRECISEMENT pour le contrer, loin de la foutaise table de dialogue et des beaux slogans. 


EPILOGUE

Alors que le 14M a cumulé les fautes par omission et par commission, il continue à jouer "défensif", à réagir au lieu d'agir (et d'entraîner le gouvernement sur des fronts où il sera moins à l'aise) et à se contenter de réitérer de très belles généralités! Trois exemples frappants pour illustrer ce constat amer. Le premier concerne le nouveau manuel d'histoire. Alors que le Hezbollah tenta de réécrire l'histoire des guerres libanaises à sa guise, méprisant le sacrifice de la Résistance libanaise (Forces libanaises, Kataeb & Ahrar) face aux occupations syrienne et palestinienne du Liban, aucune personnalité politique du 14M n'a jugé bon d'accompagner les étudiants devant le grand Sérail où ils ont été tabassés. Le second concerne la stratégie du mouvement face au projet de Gebran Bassil pour réformer le secteur électrique et à son idée farfelue de louer des bateaux-générateurs. Le 14M ne juge toujours pas utile d'aborder les véritables problèmes de l'électricité au Liban et qui risquent fort bien de gaspiller l'argent des libanais : le vol du courant électrique (40 à 78% en dehors de Beyrouth) et le non-paiement des factures (jusqu'à 38% du total). Le troisième concerne la nouvelle Charte du 14M dévoilée le 14 mars dernier. "L'intifada de la paix", thème de l'année 2012, a remplacé la "Fin de la tutelle des armes", thème de 2011. Dans cette charte, il a été question de la Syrie, du Printemps arabe, de l'Etat libanais, des armes illégales, de la paix civile, mais pas un seul malheureux petit mot sur les prochaines élections ! C'est la 15e erreur du 14M, celle qui vaut les 14 autres. Qu'elle soit par omission ou par commission, elle est consternante. Le 14M doit se ressaisir tant qu'il est encore temps pour porter les espoirs de ce peuple aux élections législatives du printemps 2013...

Ô 14-MARS, ne nous décevez plus ! Le choix par défaut n'offre aucune garantie électorale. Vous avez un an pour convaincre.