samedi 19 décembre 2015

Sleimane Frangié, le candidat pro-Hezbollah et pro-Assad, dans toute sa splendeur, lors de l’interview sur la LBCI (Art.326)


Pour bien évaluer d'une manière impartiale la candidature de Sleimane Frangié à l'élection présidentielle au Liban, rien ne vaut l'examen des déclarations de l'intéressé à ce sujet. Les dernières en date remontent à jeudi. C'était sur le plateau de la chaine LBCI, via le programme de Marcel Ghanem, Kalam el-Nass. Je me suis arrêté sur les extraits les plus marquants. Je mentionnerai les phrases en arabe. Elles seront regroupées selon un classement thématique et disposées selon une suite logique, afin de vous donner l’opportunité de mieux saisir l’enjeu de la bataille en cours.

1. Sleimane Frangié, un présidentiable de Bkerké ?
إتفقنا في بكركي أن لا يضع احد فيتو على أي من الموارنة الأربعة تنطبق عليه مواصفات الرئاسة
Bkerké, que de crimes sont commis en ton nom. Cette entrée en matière de Sleimane Frangié, reprise à l’unisson par les défenseurs de la candidature du beik de Zgharta pour donner du crédit et de la considération à qui en a si peu, mérite un éclaircissement une fois pour toutes. Les quatre leaders maronites réunis peu de temps avant l'échéance présidentielle du 25 mai 2014 au siège du Patriarcat maronite d'Antioche et de tout l'Orient, se sont mis d'accord sur un ensemble de points. Ça, tout le monde le sait. Cela dit, beaucoup de gens ignorent que Samir Geagea et Amine Gemayel ont respecté ces points, mais pas Michel Aoun et Sleimane Frangié. Le premier point de cet accord tacite était de laisser passer trois tours d'élection, pour permettre à chacun des quatre candidats d'évaluer ses chances de succès. Si aucun d'eux ne parvenait à percer, on passe au second point, les quatre devaient se désister et se réunir de nouveau pour examiner d'autres noms, sans perdre de vue l'absolue nécessité d'éviter à tout prix la vacance présidentielle. Les leaders chrétiens du 14-Mars étaient prêts à le faire, pas les autres. Dans tous les cas, les quatre présidentiables étaient censés exercer pleinement et librement leur droit démocratique, mais ils devaient selon le troisième point, s'engager à assister à toutes les séances électorales. 32 séances plus tard, les pôles principaux du 8-Mars n'ont assisté qu'à la première séance d'élection (où Geagea avait récolté 48 voix, les autres, aucune), et se sont octroyé le droit de boycotter toutes les autres, en attendant un vent régional plus favorable. Explication faite, il est donc temps pour certains, de Sleimane Frangié à Nadim Koteich, de cesser de broder autour des réunions de Bkerké.

2. Profession de foi du candidat
انا أريد أن أكون أنا، وأنا مشروع رئاسة للجمهورية، وأريد أن أكون أنا، مشروع مرشح... أنا مرشح إلى رئاسة الجمهورية أكثر من أي وقت مضى... اسمي سليمان فرنجيه وتاريخي معروف... تاريخي مكتوب على جبيني... أنا اسمي سليمان فرنجية ولا أحد يعطيني شهادة بهذا الموضوع ولست حصان طرواده... ضمانتي وحصانتي "مني وفيني" وأعرف نفسي تماماً ماذا أفعل
No comment. Enfin si, voir ailleurs ce que tout cela vaut et signifie concrètement.

3. Programme présidentiel du beik de Zgharta
- نتفق انا والحريري على مصالح المواطن اللبناني وعلى الإنماء وعلى تركيب حد أدنى من كيان هذه الدولة، بصرف النظر من يربح، يجب أن تربح الدولة... علينا أن نبني الدولة وسوف نرى من يدعم ومن لا يدعم هذا المشروع... علينا ان نخلق هبية للدولة بالتعاون مع جميع الأفرقاء... المعطل اليوم ليست رئاسة الجمهورية إنما أعمال المواطن، فمعظم المؤسسات الدستورية معطلة في البلد... اريد لبنان الحد الأدنى من مقومات الدولة والحد الأدنى من كرامة واستقرار المواطن اللبناني
Sleimane Frangié trouve « que nous devons construire un Etat et nous verrons qui soutient ce projet et qui ne le soutient pas », ce qui ne l'empêche pas plus loin de soutenir sans réserve, la dernière milice en activité, le Hezbollah, en violation de la Constitution libanaise, qu’il sera censé de protéger s’il est élu, et du principe même de l'Etat, tel qu’il est mondialement admis, une seule armée et la pleine souveraineté sur tout le territoire national. Le président des Marada regrettent par ailleurs que « la plupart des institutions constitutionnelles ne fonctionnent pas », alors que son camp bloque l'élection présidentielle et le fonctionnement du gouvernement depuis plus d’un an et demi.

- خطاب القسم في العام 2015 سيكون الأكثر غرابة في العالم اذا ما تكلم عن الكهرباء والمياه والمشاكل اليومية... لا أريد أن أحلم بلبنان على الخريطة الدولية، أريد أن أحلم بلبنان كهرباء 24 على 24 أحلم بلبنان فرص العمل والكهرباء 24 على 24 ولا زحمة سير وقوانين محدثّة واستثمارات
C’est admirable de trouver encore des politiciens libanais qui osent parler solennellement des « intérêts des citoyens ». Le candidat Frangié affirme, « je ne veux pas rêver du Liban sur une carte internationale, je veux rêver d'un Liban qui bénéficie de l'électricité 24h/24 ». Bon, rappelons à Junior, ministre non-stop durant la Pax Syriana, du 24 décembre 1990 au 19 avril 2005 (avec une petite pause d'un an et demi entre 1995 et 1996), que l'Electricité du Liban est entre les mains de son camp politique, qu'on désigne aujourd'hui par le 8-Mars (pro-syrien/pro-Hezb), since 1990, soit depuis 25 ans déjà. Ba2a, law badda tchaté ya beik, kenit ghayamitt. Depuis le scandale de la crise des déchets, qui est entrée dans son 6e mois, les Libanais n'espèrent plus rien des politiciens dans son genre. D'ailleurs, elmouracha7 el3atid, le candidat qui se prépare à briguer la magistrature suprême et qui se soucie des intérêts des citoyens, n'en a pas dit un mot.

- انا ابن "الطائف" وكنت أول من وافق عليه. ولكن انا مع تصحيح صلاحيات رئيس الجمهورية دون المس بحق الطوائف الأخرى
Le candidat Frangié est pour « corriger les prérogatives du président de la République, sans toucher aux droits des autres communautés ». C'est du Frangié tout craché. Bon, sous Sleimane Junior le président de la République libanaise gagnerait peut-être un droit de contrôle sur la viscosité du tarator et sur la salaison de la jébné el-baladiyé.

- انا لست اقتصادياً ولكنني مع توحيد الضريبة ويمكن للخبراء ابداء رأيهم بالموضوع
Sur le plan économique, Sleimane Frangié est pour « l'unification de la taxation ». Depuis jeudi soir, Christine Lagarde ronge ses ongles. La directrice générale du FMI ne comprend pas comment le beik de Zgharta l'a devancé sur cette proposition révolutionnaire. Une idée creuse à la hauteur du candidat. Bon, passons aux choses sérieuses.

4. Discussion avec Saad Hariri
زارني الدكتور غطاس خوري بفكرة ان يسير الحريري بي مرشحاً رئاسياً... التقيت الرئيس الحريري وتداولنا في اللقاء بدون شروط وحاولنا الخروج من هذه الازمة... لم نذهب لطلب الرئاسة، بل كنا مقبولون رئاسياً على عكس غيري... الكيميا بينني وبين الرئيس سعد الحريري قائمة وأنا بت أثق به...أنا أحب أن أعمل مع الرئيس الحريري... لا يمكن أن أطعن الرئيس سعد الحريري بظهره أو أن أسقط حكومته
On a la larme à l’œil avec tout cet étalage de bons sentiments. Celui qui considérait il y a à peine trois ans que Saad Hariri est « un pauvre type », énsènn m3attar, ne jure aujourd'hui que par Saad Hariri. Elle est belle la constance politique. Inutile de s'attarder longtemps, une conclusion s'impose aux Libanais : le Courant du Futur marche avec conviction et non en trainant les pieds dans la candidature de Sleimane Frangié. Je reste persuadé que l’idée vient de Walid Joumblatt, comme l’a avoué le chef du Parti socialiste progressiste lui-même il y a quelques jours. Les Achraf-Rifi du mouvement de Saad Hariri sont pour l’instant minoritaires pour l'emporter et les Fouad-Siniora trop loyaux pour protester. C'est le règne des Nouhad-Machnouk et des Ahmad-Hariri. Il n'empeche que tout le monde sait où se situe la rue sunnite libanaise, sûrement pas du côté de ces derniers. Il faut donc en tenir compte.

5. Relation avec Michel Aoun
العماد عون يقول إنه المرشح ومن دون خطة باء، وعلاقتنا معه منذ سنتين غير طبيعية... أنا لا أنافس العماد عون وإعلام الحليف إعتبرني خصماً... أترك مجالا إلى الجنرال عون إذا كان قادرا على الوصول إلى الرئاسة... أرسلنا أحد أعضاء الحزب لتبليغ العماد عون عن المبادرة يوم الاحد بعد العودة من باريس مباشرة... لقائي مع عون كان دون جدوى... أنا نسّقت خطوة بخطوة مع السيد حسن نصرالله منذ بداية الطريق
Le divorce entre les deux hommes est donc consommé. Là aussi, il faut en prendre acte. Autre aveu fracassant, c'est ce dommage collatéral qui aura certainement des conséquences à l’avenir. D'après les déclarations du chouchou présidentiel de Joumblatt-Hariri-Koteich et les autres, il est clair que le contact avec Frangié pour lui proposer la haute magistrature sur un plateau en argent, s'est fait derrière le dos du général, qui n'a été informé qu'après la rencontre de Paris entre Hariri et Frangié, jusqu'ici ce n’est pas grave, mais en totale coordination avec le Hezbollah, avec qui Michel Aoun a signé une alliance dont les protagonistes fêteront les dix ans dans deux mois, ce qui devrait resté en travers de la gorge du concerné.

6. Relation avec Samir Geagea
من مصلحتي ان يكون الدكتور جعجع وعون الى جانبي. وحتى ايام التاريخ الأسود بيني وبين الدكتور جعجع لم يكون هناك حقداً
Disons que tout cela s’inscrit dans l'art des balivernes, 2art 7aké. Des propos contredits par le passé du candidat, pour la deuxième partie, et par son avenir pour la première, sans l’ombre d’un doute.

7. Lien avec le Hezbollah
انا مع المقاومة... انا والسيد نصرالله واحد... أنا ضد موقف التحالف الإسلامي، فالسعودية تضع "حزب الله" على لائحة الإرهاب... تدخل حزب الله في سوريا هو حماية لمشروع سياسي يؤمن به الحزب
Rien de nouveau sauf pour les adeptes de la politique de l'autruche qui s’aventureraient hors-sol. Sleimane Frangié, qui est loin d'être bête, a tenu à annoncer urbi et orbi, son attachement au Hezbollah en général et à Hassan Nasrallah en particulier. Par ailleurs, il est clair que s'il est élu, son alliance avec le parti chiite perdurera naturellement et qu'il ne fera rien pour mettre un terme à l'intervention de la milice libanaise dans la guerre civile syrienne, d'autant plus, que celle-ci s'inscrit dans un plan de sauvetage du régime de Bachar el-Assad, « l'ami et le frère » du candidat libanais. Là également, il faut en prendre acte sans s'étonner vraiment et se souvenir qu’il s'est demandé il n'y a pas si longtemps que ça, « pourquoi Imad Moughnieh n'est pas considéré comme un martyr alors qu'il est mille fois plus important que Wissam el-Hassan? » Pour rappel, Wissam el-Hassan était le chef des renseignements libanais des FSI. Il est à l’origine de la piste téléphonique qui a conduit le TSL sur les traces du Hezbollah, de la mise en échec du projet terroriste d’Assad au Liban (via Michel Samaha) et du démantèlement de réseaux d’espionnage au profit d’Israël. Il a été tué dans l’explosion de sa voiture à Beyrouth en octobre 2012. Imad Moughnieh était un haut responsable sécuritaire du Hezbollah à qui on attribue les attentats contre les marines américains et les parachutistes français à Beyrouth en 1983 (299 morts) et l’explosion du Saint-Georges en 2005 (22 morts). Il est décédé à Damas en 2008 dans l’explosion de sa voiture, un attentat attribué par certains au régime de Bachar el-Assad dont le but était de se débarrasser des personnes impliquées dans l’assassinat de Rafic Hariri. Résumons-nous, le candidat de Joumblatt-Hariri-Koteich et les autres, trouvait qu'Imad Moughnieh, le chef des opérations du Hezbollah et un fidèle de Hassan Nasrallah, était est « mille fois plus important » que Wissam el-Hassan, un serviteur de la nation et un proche des Hariri, père et fils. Voilà un homme d'Etat ! Bienvenue dans le monde des hallucinations.

8. Attachement au régime syrien de Bachar el-Assad
لدي خيار استراتيجي وافرح اذا انتصر النظام السوري... علاقتي بالأسد لن تؤثر على العلاقة بين لبنان وسوريا
Le candidat de Joumblatt-Hariri-Koteich et les autres, informe les Libanais qu'il a « un choix stratégique » (pro-Bachar el-Assad), et qu'il sera « heureux dans le cas d'une victoire du régime syrien ». Cette phrase odieuse n'a pas empêché Nadim Koteich, le journaliste de Futur TV de statuer quelques heures après« Merci Sleimane Frangié. Pas de regret sur aucune lettre que j'ai écrite ces dernières semaines ». Pas de doute, nous n'avons pas regarder le même programme. Pour rappel, la guerre en Syrie a fait près de 250 000 morts à ce jour et l'album de César compte 55 000 photos de 11 000 Syriens, affamés, torturés et tués dans les conditions les plus abominables par le régime tyrannique de Damas. Le candidat libanais s'est évidement abstenu de préciser qu'il a rencontré il y a quelques jours le président syrien. Cette déclaration a le grand mérite de placer tous ceux qui sont si enthousiastes pour ce « deal » au pied du mur. Frangié a même le culot de rajouter que sa relation avec Bachar el-Assad, qu'il a qualifié dans le passé « d'ami et de frère », avec qui « le contact est quasi quotidien », n'influencera pas les relations entre le Liban et la Syrie. C'est cela oui. Voilà sans doute pourquoi il vole à la rescousse de son ami à chaque fois que celui-ci se trouve sur le banc des accusés. Comme par exemple, lorsqu'il a déclaré avec ironie au lendemain de l'arrestation de l'ancien ministre du 8-Mars pour des faits de terrorisme : « La Syrie n'a-t-elle que Michel Samaha pour placer des explosives dans les régions libanaises ? » Pas de chance pour lui, les aveux du prisonnier et un procès ont démontré que pour embraser le Liban et mener des dizaines d'attentats terroristes au pays du Cèdre, visant la communauté sunnite, à l'été 2012, le régime syrien avait chargé Michel Samaha de la sale besogne. Et pour rafraichir la mémoire du candidat amnésique et ses supporters temporaires, rappelons aussi ses déclarations consternantes peu de temps après l'assassinat de l'ancien chef des renseignements des FSI en octobre 2012: « Peut-être il a été tué à cause de l'arrestation de Samaha... c'est peut-être Israël... La Syrie a mille raisons de tuer Wissam el-Hassan... c'est la règle du jeu pour qui se mêle de la sécurité, notamment en ce qui concerne la chute du régime syrien ».    

9. Entente sur la loi électorale ?
الرئيس الحريري في مكان ما يعتبر ان هناك قانوناً انتخابياً يحاك لضربه سياسياً... لقد طمأنت الحريري أنّ لا مشروع انتخابياً لضربه
Wa houna beitou el qasid. Voilà de quoi confirmer les hypothèses développées dans mes articles 323 et 325 consacrés à ce sujet. Le « deal » dans sa version publique consistera à donner la présidence de la République à un politicien pro-Hezbollah et la présidence du Conseil à un politicien du Futur. Mais, il serait naïf de croire qu'un compromis de cette ampleur se limitera à un simple partage des hauts postes de l'Etat. Le « deal » dans sa version concoctée en coulisse consisterait à s'entendre au mieux, pour mener les inévitables et prochaines élections législatives de juin 2017, sous la loi électorale de 1960 (et saboter le recherche d'une loi électorale moderne), et au pire, à trouver une loi électorale bidon, grand découpage des circonscriptions avec l'introduction d'une dose de proportionnelle, qui ne bouleversera pas le rapport des forces entre le Futur (Saad Hariri) et le Hezbollah (Hassan Nasrallah), qui conviendra parfaitement à Walid Joumblatt (Parti socialiste), sans déranger Nabih Berri (Amal). Ainsi, il s’agit d’un arrangement politicien qui ne sert pas les intérêts du peuple, mais qui convient à certains partis politiques libanais, musulmans uniquement. Qui se soucie un tant soit peu de la démocratie au Liban, travaillera pour l'abolition de la loi électorale archaïque dite de 1960 et son remplacement par une loi électorale moderne qui permettra une bonne représentativité des Libanais de toutes tendances politiques et appartenances communautaires au Parlement, celle de la circonscription uninominale, à deux tours ou par tirage au sort dans les listes électorales. 

10. Position sur le Tribunal Spécial pour le Liban
لن اسمح لنفسي ان اقول للحريري بأن نلغي المحكمة الدولية
Sleimane Frangié affirme, « je ne permettrai pas de demander à Hariri de supprimer le Tribunal international », ce qui sous-entend qu'il n'est toujours pas convaincu au fond, de son utilité judiciaire. Par ailleurs, le beik de Zgharta présente le TSL comme une affaire personnelle concernant uniquement le père de Saad, à qui il reviendrait de décider ce qu'il faut en faire à l'avenir, et non comme une affaire nationale touchant tous les Libanais, au sujet de l'assassinat de leur ancien Premier ministre, de 21 autres personnes, et de plusieurs personnalités du 14-Mars, selon les statuts du TSL. Cela en dit long sur la maturité politique du candidat et la nature politicienne du « deal » Hariri-Frangié.

11. L'avenir, l'inconnu et le 7-Mai ?
إذا وصلت أنا إلى الرئاسة فسأستفيد من إيجابيات الأمن ولكن أنا ضد ان ندير البلد بعقلية أمنية مبنية على التخوين والشك... أنا أرى أن السياسة هي من تدير الأمن وليس العكس... الدوحة تطلبت 7 ايار وليس 7 ايار من اوصل الى الدوحة، وأرى باننا ذاهبون نحو المجهول اذا لم تنجح التسوية
Le candidat Frangié laisse entendre avec une certaine ambiguïté que la sécurité au Liban dépendra de la politique qui sera entreprise, notamment s'il est élu. Plus grave encore, il rappelle aux Libanais: « Pour parvenir à (l'accord de) Doha (et l'élection de Michel Sleiman comme président), il a fallu passer par le 7-Mai (2008)... Je crois que nous irons vers l'inconnu si le deal n'est pas conclu ». L'inconnu dure depuis un an et demi, sans surprise et sans frayeur, alors qu'est-ce qu'il y aura de plus et de nouveau si le deal n'est pas conclu? Est-ce que cet "inconnu" comprendrait des événements de même nature que l'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban par les milices du 8-Mars, Hezbollah en tête? Cette déclaration est à rapprocher de celle beaucoup plus inquiétante d'Ahmad Hariri, le secrétaire général du Courant du Futur, il y a moins de deux semaines: « Si l'initiative échoue et la vacance présidentielle perdure, le président sera élu dans le sang ». Plus grave encore, le cousin de Saad Hariri avait rajouté: « Est-ce que nous voulons revivre une seconde une guerre civile ? » Cette campagne orchestrée par le duo Frangié-Hariri vise à conditionner les Libanais en les effrayant, afin de les amener à accepter le « deal » comme un moindre mal.

12. Le « deal » autour de Sleimane Frangié
مضى حوالي العام والنصف على الموضوع، والمبادرة تأتي اليوم بعد سنة ونصف من التعطيل والشغور وحليفنا اطلع على الموضوع... الذي لا يريد هذه المبادرة فليطرح مبادرة أخرى... الرئيس الحريري لن يتراجع عن ترشيحي والظروف هي من تقرر ماذا سيحصل... لا إعتراض لدى الرئيس السوري بشار الأسد ونصرالله على أن يرأس الحريري حكومة العهد الجديد
Il est bien là le « deal » dans ses grandes lignes. Joumblatt et Hariri donneraient la présidence de la République à un pro-Hezbollah/pro-RégimeSyrien notoire, Frangié. En échange, Nasrallah et Berri, marcheraient dans la loi électorale de 1960, qui a la grande faveur des premiers. De ce fait, Saad Hariri pourraient présider le prochain Conseil des ministres et Nabih Berri trônerait encore jusqu’en 2021 comme président de l’Assemblée nationale. Pour résumer, les Libanais auraient ainsi, selon ce « plan de sauvetage » défendu bec et ongles même par certains journalistes comme Nadim Koteich : un président proHezb/proSyrien, des élections législatives sous la loi de 1960, un Premier ministre affaibli mais étiqueté pour le besoin "14-Mars" et le même chef du Parlement, solidement ancrée dans le camp du 8-Mars, pour une trentaine d’années de règne au total. Non mais, avec cette logique, comment peut-on encore s’opposer au maintien de Bachar el-Assad en Syrie et sa nomination au prix Nobel de la Paix ? Le délire. Qui n'a pas encore avalé sa langue, fi yizalghitt! Le deal dans tous ses volets, notamment les deux premiers, est condamné à périr. La souveraineté nationale et la démocratie populaire sont au-dessus de toute considération. Elles sont inaliénables.