samedi 22 novembre 2014

Dernière ruse de Nabih Berri pour éviter l’élection de Michel Aoun ou de Samir Geagea comme président de la République libanaise (Art.255)


El-Estèz, Nabih Berri, prétend en cette triste journée du 22 novembre, où les festivités pour la 71e commémoration de l’Indépendance ont été annulées à cause de la vacance « notre candidat est connu ». résidentielle, « qu’un nouveau président de la République peut être élu sous 36 heures si les Maronites se mettent d’accord ». J’adore ! A part les hypocrites de haut rang, tout le monde sait que le blocage de l’élection présidentielle au Liban vient des « Chiites ». Tout le monde, mais c’est sans compter sur ejtihadd el-estèz Nabih. Selon le prisme du président du Parlement libanais, since 1992, ça serait la faute des « Maronites ». C’est malin sans doute, mais c’est de la part d’un vieux renard faiblard en fin de règne.

Passons sur le fait que cette élection concerne indirectement tous les Libanais et pas seulement les Maronites du pays du Cèdre. De la part du plus confessionnel des communautaires, une telle déclaration n’est point étonnante. Ya dawlet el ra2iss, mais ces « Maronites » sont d’accord, bordel ! Samir Geagea est le candidat unique déclaré du 14 Mars depuis plus de six mois. Michel Aoun est soi-disant le candidat unique du 8 Mars. Implicitement puis explicitement, enfin, d’après les déclarations des uns et des autres, il l’est aujourd’hui. Tous les députés du 14 Mars se sont rendus à toutes les séances électorales depuis le 25 mai. Une douzaine de séances au total, boycottées toutes, à part la première, par les députés du 8 Mars. Elément nouveau, et de taille, Michel Aoun a proposé il y a quelques jours, de participer à la prochaine séance électorale, si et seulement si, le choix se limiterait à deux noms : Samir Geagea et Michel Aoun.

Certes, on peut avoir des réserves sur cette initiative du Général. Ne serait-ce que d’un point de vue démocratique. Mais bon, vu le merdier dans lequel nous pataugeons, et pas qu’en politique, nous ne pouvons plus se payer le luxe de l’exigence démocratique. Il faut absolument débloquer la situation au lieu d’attendre passivement, preuve suprême de l’immaturité politique, l'évolution des négociations sur le dossier nucléaire iranien, la suite de l’interminable guerre civile en Syrie et la nouvelle "décoration Halloween" de la Maison Blanche dans deux ans. Cette proposition a le mérite, à condition que son initiateur soit sincère - je crois qu'il l'est- et qu’elle soit prise au sérieux par la classe politique libanaise -ce qui n'est pas le cas et c'est bien dommage!- de pouvoir débloquer la situation. La preuve, ce n’est pas par hasard, que le vieux renard a cherché par la déclaration d’aujourd’hui, à torpiller l’initiative du général Michel Aoun.

Si je me montre quelque peu enthousiaste, c’est parce que je suis certain que cette initiative allait conduire, à placer le tandem chiite, Hassan Nasrallah et Nabih Berri, au pied du mur de l’hypocrisie. Les leaders de la communauté chiite libanaise n’auraient jamais joué le jeu démocratique, selon les règles fixées par la Constitution libanaise, en participant à une élection présidentielle au suffrage parlementaire, s’il y avait ne serait-ce qu’une chance infinitésimale que l’un des deux leaders forts de la communauté chrétienne soit élu comme président de la République libanaise.

Heureusement, j’ai une myriade d’articles pas très tendres avec le Général, qui me protègent des accusations de complaisance avec Michel Aoun. La vérité doit être dite aux Libanais, au moins en cette journée symbolique. Le tandem chiite, Hezbollah-Amal, ne veut pas, sous aucun prétexte et dans n'importe quel contexte, d’un chrétien fort à la tête de l’Etat libanais. Il n’est pas seul dans cette campagne. Les druzes non plus. Walid Joumblatt fait tout son possible pour bloquer l’arrivée d’un chrétien fort à la haute magistrature. C’est dans ce cadre qu’il faut placer la mascarade du leader druze qui tente depuis des mois, en vain, de commercialiser auprès de Saad Hariri, le leader de la communauté sunnite libanaise, la candidature de l’insipide Henri Helou. Désolé de rappeler aussi dans le contexte historique du témoignage poignant du martyr-vivant du 14 Mars devant le Tribunal Spécial pour le Liban, que c’est dans ce cadre aussi qu’il faut placer le « choix paradoxal et inexpliqué » de Marwan Hamadé -homme politique druze et proche collaborateur pendant longtemps de Walid Joumblatt- de ne pas voter pour le candidat Samir Geagea, lors de la 1re séance électorale au Parlement libanais.

Qu’importe ce qui sépare Samir Geagea de Michel Aoun -c’est secondaire étant donné le verrouillage de l’élection présidentielle libanaise par les partis politiques chiites et druzes- Hassan Nasrallah et Nabih Berri, ainsi que Walid Joumblatt, cherchent à empêcher à tout prix l’élection d’un de ces deux hommes de caractère, comme président de la République libanaise. Pour Samir Geagea, c’est une évidence qu’il n’est pas besoin de développer. Pour Michel Aoun, la situation est aussi d’une clarté éblouissante.

Le Hezbollah n’en veut pas du Général
. Pendant de longs mois, la milice chiite disait, « notre candidat est connu ». Lol, comprendre par-là, on n’en a pas pour l’instant, et ce n’est surement pas Michel Aoun. Si le Hezb voulait Michel Aoun, il aurait fait exactement ce qu’a fait le 14 Mars il y a belle lurette, en adoptant la candidature de Samir Geagea, bien avant l’expiration du mandat de Michel Sleiman et en osant se présenter aux séances électorales parlementaires. Or, Hassan Nasrallah n’a adopté la candidature de Michel Aoun pour son retour au palais présidentiel de Baabda que très tardivement, après cinq mois de vacance présidentielle et plus d’une douzaine de séances électorales, lorsqu’il s’est assuré de l’improbabilité d’un tel événement.

Le 2e élément qui prouve que le chef du Hezbollah est hypocrite dans ce dossier, vient de Michel Aoun lui-même. Eh oui ! La proposition d'Aoun, annoncée il y a deux jours, de limiter les candidatures à l’élection présidentielle aux noms de Michel Aoun et de Samir Geagea, vise à couper l’herbe sous les pieds du duo chiite, Nasrallah-Berri et de la girouette druze, Joumblatt. Eh oui, du côté du 14 Mars, il n’y a qu’un candidat, depuis plus de 6 mois, c’est Samir Geagea. Donc l’initiative du Général s’adresse essentiellement à ses alliés hypocrites. J’adore. Pour une fois, Michel Aoun me fait bien sourire. En effet, il craint d'aller aux séances électorales parlementaires et d’être poignardé par « ses amis » du 8 Mars, le trio Nasrallah-Berri-Joumblatt, et spécialement par le Hezbollah, les guillemets s’imposent bien entendu. Et ce n’est pas Voltaire qui lui aurait conseillé le contraire. Ni Rafic Hariri d'ailleurs. Eh oui, le Général doit bien se dire en ce moment, « mon Dieu, gardez-moi de mes amis ; de mes ennemis, je m'en charge ».

Par conséquent, il est grand temps que Michel Aoun et ses députés, ainsi que les militants et les sympathisants chrétiens du Courant patriotique libre, se rendent compte qu’ils ne gagneront rien de leur positionnement contre-nature au sein du 8 Mars, notamment de leur alliance avec la milice chiite du Hezbollah. Non seulement ils n’ont rien gagné depuis 2006, mais ils furent contraints durant les huit dernières années à défendre l’indéfendable. Le Hezbollah n'a pas voulu se montrer reconnaissant avec Michel Aoun. Au Général d’en prendre acte.

mercredi 5 novembre 2014

Nouveau record pour Michel Aoun : il est aujourd’hui impliqué dans 99,55 % des 1104 jours de vacance du pouvoir au Liban (Art.251)


Non, on ne peut plus continuer comme ça. Je vous dois ce coming out. J’avoue que j’ai tout tenté pour devenir « aouniste ». Mais, je n’y suis pas arrivé. Depuis 1984 que je m’efforce de croire en cet homme, en vain. Depuis trente ans j’essaie de regarder et d’écouter le général au cours de ses innombrables conférences de presse et de ses mémorables crises de nerfs. Sans succès. Je l'ai suivi au cours de ses guerres foireuses, pendant son exil doré, à son retour louche et depuis son positionnement contre-nature. Sans succès. J’ai essayé de le regarder en coupant le son. Sans succès. J’ai essayé de l’écouter sans le regarder. Sans succès. J'ai essayé de le lire ou de le sentir. Sans succès. La seule méthode qui semble donner un soupçon de résultat pour l’instant, gardons-nous de tout enthousiasme juvénile ou herbacé débordant, c’est celle de ne pas l'écouter et de ne pas le regarder. Besm el2abb wal eben wal rou7 elqodoss ! Mais qu'est-ce qui peut bien se passer au juste dans la tête de cet homme en ce matin du 5 novembre où la République libanaise se retrouve à un tournant historique où elle risque pour la première fois de son existence, le vide législatif ?

Jamais de mémoire d’homme, nulle part ailleurs et avec personne d’autre, l’hypocrisie politique n’a atteint une telle perfection et une telle ampleur qu’avec Michel Aoun, au Liban et en ce moment. Tous les leaders libanais sans exception sont peut-être en deçà des espérances du peuple libanais. J’ai aucun mal à le concevoir. Il est difficile aussi d’être pour la prorogation du mandat du Parlement libanais. Je le comprends parfaitement, cela va sans dire. Des députés qui ne sont pas capables en près de 5 ans et demi -il ne faut pas oublier qu’ils sont là depuis 2009 quand même!- de mettre un terme à la loi électoralo-féodale de 1960, de voter une nouvelle loi électorale moderne (la circonscription électorale uninominale par exemple ou même le tirage au sort dans les listes électorales comme je l'ai déjà prôné dans le passé !) et d’organiser des élections législatives à la suite, sont des incapables qui doivent être éconduits aujourd’hui plutôt que demain. Seul fait d’armes remarquable de ce Parlement chétif c’est de s’être autoprorogé de 17 mois en juin 2013, sur une proposition de loi présentée par celui qui pense que « les droits de l’homme et l’environnement sont des suppositoires inventés par l’Occident », Nicolas Fattouche, te7milit zahlé pour les intimes. Ah pardon, j’ai oublié un autre fait d’armes du Parlement libanais, le vote de la libéralisation des loyers anciens au Liban lors du sprint législatif du poisson d’avril en 2014, qui conduira à terme, si cette loi est appliquée (trois articles doivent être revus par les autoprorogés représentants du peuple, à moins qu'ils ne se ressaisissent et n'abolissent cette loi stupide), à l’expulsion de la classe moyenne ainsi que des natifs de Beyrouth de leur ville (autour d’un million de personnes sont concernées au Liban), et au sacrifice de la capitale libanaise sur l’autel du capitalisme sauvage et des promoteurs sans scrupules. Aux Beyrouthins et Beyrouthines qui résisteront, le vacarme des chantiers sans fin !

Ceci dit, peut-on mettre tout le monde dans le même sac ? Sûrement pas. Avec toutes les données politiques à notre disposition, nous pouvons établir sans difficulté le classement des responsabilités des uns et des autres concernant la situation politique pourrie que nous vivons actuellement. Dans cette entreprise, le Hezbollah est évidemment hors concours. Une milice armée jusqu’aux dents, illégale, dont l'existence même est en violation de l'accord de Taëf (et de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU), qui appelle à l'établissement d'un « Etat islamique » au Liban (dans un livre édité à sept reprises entre 2002 et 2010, mar7aba Daech), qui ne répond pour les questions stratégiques qu’au Guide suprême de la République islamique d’Iran (wali el faqih, selon ses propres aveux), qui est accusée de l'assassinat d'un ancien Premier ministre du Liban (Rafic Hariri, procès en cours), et qui a jeté tout un pays et son peuple dans la guerre civile syrienne (aux côtés de la dynastie tyrannique des Assad), se trouve de facto et de loin, en haut du classement. Pour le reste, les choses sont également d’une clarté éblouissante.

S’il y a prorogation du mandat du Parlement libanais, c’est parce qu’il n’y aura pas d’élections législatives. Et s’il n’y aura pas d’élections législatives, c’est parce qu’il n’y a pas eu de nouvelle loi électorale. Et s’il n’y a pas eu de nouvelle loi électorale, c’est parce qu’il n’y a pas d’entente sur le prochain président de la République. Et s’il n’y a pas d’entente sur le prochain président de la République, c’est parce qu’un homme, Michel Aoun (un mortel comme les autres, et plus que les autres vu son âge), et son allié islamiste chiite, Hassan Nasrallah (un autre mortel comme les autres en dépit de son jeune âge, son turban noir et son titre de sayyed qui en font de lui un soi-disant descendant de Mahomet), ne veulent pas jouer le jeu démocratique. C’est aussi simple que ça. Et tout aussi consternant.

Voilà plus de 250 articles que je combats le populisme avec des faits, quand certains combattent les faits avec du populisme. Chacun sa stratégie. Michel Aoun est un populiste depuis qu’il est entré dans la sphère publique il y a trente ans. Sa performance politique récente n’étonne pas ceux qui le connaissent bien et depuis longtemps. Il y a quelques mois, j’ai écrit un article sur la vacance présidentielle libanaise. Le présent article est un complément d’enquête où les données que j’avais mentionnées sont mises à jour. Pour résumer, sachez que le Liban a connu quatre périodes de vacance présidentielle : sous Fouad Chehab (5 jours en 1952), sous Michel Aoun (la2 mich smiyo lal général, c'est le général lui-même ; 751 jours entre 1988-1990), sous Fouad Siniora (183 jours entre 2007-2008) et sous Tammam Salam (165 jours en 2014). Ainsi, al-joumhouriyat al-loubnaniyat a été sans président de la République, officiellement ou de facto, 1 104 jours au total, en 70 ans d’Indépendance. Wlak aya joumhouriyé, aya mozz, aya ballout !

Comme le montrent des données historiques reportées dans l'illustration du début de l’article, on retrouve le nom du général dans toutes les périodes de vacance du pouvoir au Liban, à l’exception du trou ridicule de 5 jours à l’époque du général Fouad Chehab en 1952. Une simple soustraction fait apparaitre que Michel Aoun est le seul dirigeant politique libanais impliqué dans 1 099 des 1 104 jours de vacance du pouvoir que nous avons connus en 70 ans d’existence de la jeune République libanaise (compteur arrêté au 5 novembre 2014), dont les 2/3 datent de 1988-1990, l'époque où le général était Premier ministre et qu'il a tout fait pour ne pas tenir des élections présidentielles comme l'exigeait sa mission et pour ne pas céder le pouvoir par la suite aux présidents élus (René Mouawad et Elias Hraoui). Soit en tout et pour tout, plus de TROIS ANS de vacance présidentielle, eh na3am. Malgré ce triste record, le général, et certains hypocrites soi-disant démocrates qui se cachent derrière leurs doigts, ont encore le culot de palabrer sur la « constitutionnalité » de la prorogation du mandat parlementaire. C’est hallucinant. Et du haut de ces 81 ans -wou 3ala 7afitt 2abro, b3id el charr 3anno be kel el a7well, mais vu son âge, les Libanais auraient espéré plus de sagesse que d'enfantillage avec les années !- le revoilà depuis plus de cinq mois, avec l’aide de son allié Hassan Nasrallah, il bloque l’élection présidentielle car il n’est pas fichu de s’imposer dans son propre camp - l'histoire écrira qu'il est demeuré le candidat indésirable des forces pro-syriennes et pro-iraniennes du 8 Mars - et de se rendre au Parlement libanais afin de livrer la bataille démocratique de la présidence de la République libanaise, selon la Constitution libanaise, et non en se basant sur des considérations et des interprétations personnelles, au 4e âge s’il vous plaît, contre son pire cauchemar de toujours, Samir Geagea, le candidat désiré du camp des forces souverainistes du 14 Mars.

La 7awla wala qowata ella bellah ! Pour libérer la République libanaise du chantage politique infantile du général, Michel Aoun doit être déclaré inéligible par ces collègues, une fois pour toutes, car il est impliqué dans 99,55 % des vacances du pouvoir au Liban, ce qui représente une violation très grave de la Constitution libanaise, et pose un problème éthique et moral quant à son élection, la sama7 Allah. Indépendamment de nos divisions politiques et des programmes électoraux des uns et des autres, comment élire quelqu’un qui détient ce triste record sachant que tout président fraichement élu de par les articles 49 et 50 de la Constitution de la République libanaise « prête serment de fidélité à la Constitution, promet d'observer la Constitution et s'engage à veiller au respect de la Constitution »? Impossible. On ne pourra pas faire confiance à cet homme. Ainsi, il est grand temps de considérer qu'il existe une incompatibilité entre Michel Aoun et la Constitution libanaise. Le général doit donc être déclaré inapte à devenir le 13e président de la République libanaise, et cet article considéré comme 3élm wou khabar. Et qu'on en finisse, basta cosi.